• Pourquoi je suis supérieure

    Je les vois chaque jour ces misérables larves qui calculent qui comptent qui amassent les heures et les secondes d'existence mornes boutiquiers du temps fixés sur VIVRE LE PLUS LONGTEMPS POSSIBLE je les vois ces fils de pute qui tentent de devenir quelqu'un de changer le monde ou bien d'avoir leurs traits confits figés sur un journal du hasard brève représentation du vide ils ne sont qu'une sorte de pet sans odeur qui s'expulse sans le moindre bruit et je les vois comme je vous vois


  • Je suis un accident cette formule usitée participe à la construction de ma personnalité mon fer de lance promotionnel sorti d'entre les dents de ma mère concernant l'expression enfant de l'amour cette définition poétique d'une libération de sperme féconde sans intention de donner la vie n'a jamais capté le moindre intéret dans mon plan de construction mental bref ma mère m'a créé sans le vouloir ni le souhaiter donc aucune dette ne m'attachait à cette procréatrice cependant les instances supérieures de la psyché m'ont ordonné de clore ce chapitre après trente ans il faut savoir mettre les compteurs à zéro et ça c'est l'explication limpide et sans ambiguité de mon acte matricide une chatte en chaleur m'a donné la vie OK je lui ai donc donné la mort simple question d'équilibre

    Vous voulez de la symbolique bande d'enculés attrapez donc ces lignes elles sont nées d'effluves organiques et elles s'avalent par le rectum 


  • Mon oncle buvait le coup avec Jeannot et ses bucherons sagement assise sur l'un de ces hauts tabourets en bois je sirotais une grenadine à l'eau en me contemplant dans le miroir fumé seule fente tolérée dans ce repaire viril je détaillais la crasse dans mon verre les ongles cassés du barman et les oeillades brèves mais appuyées qui embrassaient mes cuisses blanches couilles gonflées plaines de bestioles frétillantes les mâles flairaient la jouvencelle future baiseuse au fumet alléchant alors ma p'tite tu t'régales chaque intervention à mon égard était irrémédiablement suivie d'un court et pesant silence preuve d'une attention soutenue et collective oui m'sieur elle est bien bonne j'étais depuis longtemps aguerrie à la nature humaine et à cet appendice élancé vers la quête perpétuelle du terrier oui m'sieur elle a bon goût je me collais deux yeux de biche pour leur répondre voix ingénue croisement décroisement des jambes puis je reprenais immédiatement la fine paille que je suçais d'une manière très subjective et t'as un p'tit copain la ronde des pastagas stimulait doucement les fils qui les reliaient aux instincts et je savourais cette atmosphère de stupre qui planait la sensation d'avoir un pouvoir absolu sur ces montagnes de muscles et de graisses m'excitait au plus haut point à mon côté l'oncle chancelant représentait le bouclier moral sans lequel cette horde de quasi barbares auraient fondu sur moi les odeurs de sueur d'urine d'alcool accouplées à celles des terres végétales et des sèves formaient un halo chimique qui me contaminait peu à peu consciente du danger je tapotais alors l'épaule large de mon protecteur faut y'aller tonton ce dernier obtempérait toujours sensible lui aussi à mon incandescente beauté et lorsque nous nous dirigions vers la porte de sortie son bras velu en appui sur mon cou je ressentais toujours les caresses d'immenses langues serpentines et virtuelles qui s'insinuaient avec force dans mes orifices les plus secrets


  • Mademoiselle il va vous falloir être courageuse

    Ma mère est morte

    Oui je regrette

    Les regrets sont les récompenses des faibles


  • Tu dois te laver et bien frotter

    Mais maman je ne suis pas sale

    Sache que même si tu te sens propre tu es sale